Quand l’érudition rencontre la fiction

Le professeur Claude La Charité est le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, création et patrimoine imprimé. (Photo : Stéphane Lizotte)

L’érudition et la fiction seront au cœur des travaux réalisés par l’équipe de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, création et patrimoine imprimé. Son titulaire, le professeur Claude La Charité, entend proposer une nouvelle forme de recherche et de création littéraire instaurant un dialogue entre ces deux approches de la littérature.

Le professeur La Charité cherche à faire de l’histoire littéraire un ouvroir de littérature potentielle. « J’appelle cette pratique érudifiction. Le dialogue entre l’histoire littéraire et la création fait en sorte que la création devient une autre manière de faire de l’histoire littéraire. Ce qui est singulier avec l’érudifiction, c’est que la fiction sert autant à vulgariser les résultats de la recherche qu’à faire progresser nos connaissances dans le domaine, grâce aux possibilités de découverte qu’elle offre. »

La fiction en pièces détachées, L’œil de l’ermite, s’inscrit dans cet esprit d’érudifiction. « Ce livre perpétue la légende autour de l’ermite Toussaint Cartier qui a vécu près de quarante ans sur une île au large de Rimouski, entre 1728 et 1767 », indique le professeur La Charité. « C’est l’écrivaine Frances Brooke qui, dans The History of Emily Montague, publié deux ans après la mort du solitaire, a fait entrer Toussaint Cartier dans l’immortalité grâce à la fiction romanesque. » En parallèle, le professeur La Charité prépare une étude qui réunira les nombreuses découvertes qu’il a faites à propos de ce personnage qui relève autant de l’histoire, de la fiction que de la légende.

Depuis 2015, le professeur Claude La Charité met en œuvre cette érudifiction. Il a publié comme écrivain trois autres ouvrages de fiction, soit La pharmacie à livres, Le meilleur dernier roman et Autopsie de Charles Amand, mettant en scène des personnages et des histoires fondés sur des faits historiques, mais dont le récit fait aussi appel à l’imaginaire personnel ou collectif.

La littérature de la Renaissance est également un axe de recherche central des travaux de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, création et patrimoine imprimé, qui a récemment été renouvelée. Le professeur La Charité et son équipe poursuivront leurs travaux sur Rabelais, cet écrivain emblématique du 16e siècle. « Nous souhaitons éclairer l’encyclopédisme rabelaisien à partir de ses pratiques de lecteur et de philologue, mais également à la lumière de la réception dont son œuvre a fait l’objet de la part de ses commentateurs et éditeurs. »

La littérature québécoise du 19e siècle est le troisième axe de recherche de la chaire qui a obtenu un budget de fonctionnement de 1,4 M$ sur sept ans. « En se fondant sur l’Inventaire des imprimés anciens au Québec, nos travaux exploiteront les bibliothèques perdues, dispersées et parfois reconstituées d’écrivains, qu’il s’agira d’étudier comme des ateliers où s’engrangent les matériaux ensuite mobilisés pour l’écriture de fiction », précise le professeur La Charité. Les bibliothèques de Joseph-Charles Taché et de Philippe Aubert de Gaspé père et fils occuperont une place de choix dans ces travaux de recherche.

C’est depuis 2002 que Claude La Charité est professeur en lettres à l’UQAR. Au cours de sa carrière, il a dirigé une trentaine d’étudiantes et d’étudiants à la maîtrise et au doctorat ou comme auxiliaires de recherche dans des projets subventionnés et a signé plus de 330 publications de recherche et de création. Il a également publié La rhétorique épistolaire de Rabelais et L’invention de la littérature québécoise au XIXe siècle. Une dizaine de chercheuses et de chercheurs font partie de l’équipe de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, création et patrimoine imprimé. Rappelons que le professeur La Charité est également le directeur du Centre Joseph-Charles-Taché, qui compte près de 25 000 volumes anciens, et qui est le pôle rimouskois du Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité (CIREM 16-18).

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