


Essais
L’invention de la littérature québécoise au xixe siècle, essai, Québec, Septentrion, coll. « Aujourd’hui l’histoire », 2021, 162 p.
Mal aimée, la littérature québécoise du xixe siècle ? Surtout méconnue ! Du premier roman L’influence d’un livre en 1837 jusqu’à l’internement d’Émile Nelligan en 1899, la période est d’une effervescence exceptionnelle. Claude La Charité évoque les artisans hauts en couleur de cette nouvelle littérature, entre originaux et détraqués : poseur de bombe puante, notaire en pantoufles, patriote enragé, abbé voyageur, shérif hors-la-loi, sosie de Victor Hugo, romancière en eaux troubles ou génie précoce, mort fou.
Comptes rendus
- « Car voilà ce à quoi nous convient les entreprises de recherche et de création comme celle de Claude La Charité : à manger notre littérature par ses racines, moins à la manière de cadavres, comme le veut l’expression, qu’avec une forme de conscience du temps long avec lequel la littérature dialogue. On laisse moins ces racines pourrir, pour ainsi dire, qu’on se les cuisine comme on peut. On en serait revenu de la modernité qui rompt et de la postmodernité qui oublie? Ne sautons pas trop vite aux conclusions. Admirons néanmoins le possible du passé ainsi ouvert. » (David Bélanger)
- « Bien qu’elle fasse l’objet de plus en plus de recherches et d’études depuis quelques décennies, la littérature québécoise du XIXe siècle reste relativement méconnue et sous-estimée du grand public. Aussi, toute initiative visant à la faire mieux connaître et à la mettre en valeur mérite-t-elle certainement d’être saluée. […] En somme, une telle introduction peut s’avérer fort utile, entre autres pour des enseignantes et enseignants qui chercheraient une façon simple et efficace de donner à leurs étudiantes et étudiants un bon aperçu de la production patrimoniale québécoise du XIXe siècle. » (Pierre Rajotte).
- « Le style, limpide, s’y combine avec un propos instructif d’une rare vivacité. Consacrés à de grandes figures littéraires, souvent méconnues, de cette époque, les huit chapitres de cet ouvrage nous font découvrir des personnages hauts en couleur et donnent le goût de lire des œuvres injustement oubliées. Contrairement à une idée reçue, la littérature québécoise du XIXesiècle, explique La Charité, “se distingue par son exceptionnelle diversité, sur le plan aussi bien politique qu’esthétique”. Les conservateurs n’y manquent pas, mais les esprits libéraux non plus, les genres sont multiples et les courants littéraires — romantisme, symbolisme, Parnasse, néoclassicisme — aussi. Révélation : ce siècle, qu’on imagine plate en nos terres, est vivant ! […] Grâce à ces pionniers, chaleureusement présentés par Claude La Charité, si Durham revenait aujourd’hui, il devrait prendre son trou. » (Louis Cornellier)
- « En se penchant sur les monuments consacrés de la littérature québécoise comme Louis Fréchette, Laure Conan ainsi qu’Émile Nelligan, et en sortant de l’ombre des figures moins connues comme Patrice Lacombe et Joseph-Charles Taché, Claude La Charité propose rien de moins que la première introduction à l’histoire de la littérature québécoise du XIXe siècle.» (Paul-François Sylvestre)
La rhétorique épistolaire de Rabelais, essai, Québec, Nota bene, coll. « Littérature(s) », no 21, 2003, 305 p.
La critique s’est peu intéressée aux lettres de Rabelais, sinon pour y trouver la confirmation d’une analyse portant sur les romans. À la lumière de la théorie du De conscribendis epistolis (1522), l’étude de Claude La Charité propose d’étudier les pratiques épistolaires de l’auteur de Pantagruel et Gargantua à partir de l’art d’écrire des lettres qui était au fondement de la pédagogie humaniste et qui constituait la voie royale pour accéder à une éloquence d’envergure littéraire.
Comptes rendus
- « On en retient une compréhension nuancée de la manière dont Rabelais aura d’abord tenté de se faire humaniste cicéronisant, pour ensuite adapter les diverses tendances de l’épistolaire de son époque aux besoins de chacune de ses lettres. Ce livre sera à reconsulter souvent, tant pour les renseignements sur l’épistolaire en général que pour bien apprécier telle lettre ou telle pratique épistolaire de Rabelais. » (Jane Couchman)
- « Bref un livre au rythme allegro, mais qui, par là justement, détonne dans nos études et séduit par son alacrité. Il sert, bien entendu, le parti d’un Rabelais érasmisant, innutri de rhétorique mais prenant avec elle toutes les libertés. » (Catherine Magnien)
- « La Charité has sensibly produced not just an encyclopedia of letter-writing, but a learned, instructive, and extremely readable book, which both sets Rabelais’s letters in their rhetorical context and makes us want to learn more about letters and letter-writing in the Renaissance. This will be a valuable reference tool for many years to come. » (Barbara C. Bowen)
- « Cet ouvrage, qui se lit avec plaisir et profit, est désormais indispensable pour l’étude d’un canton de l’œuvre de Rabelais qui était jusqu’ici trop souvent envisagé selon des vues conventionnelles à partir de critères approximatifs. » (Guy Demerson)
Fiction
L’œil de l’ermite, fiction en pièces détachées, Longueuil, L’instant même, 2023, 248 p.
« Toussaint Cartier habitant et faisant les fonctions de solitude sur l’île Saint-Barnabé. » Telle est la description que donnent les archives de l’ermite qui a vécu de 1728 à 1767 au large de Rimouski. On n’a jamais su si c’était par amour pour une femme, par haine de ses semblables ou pour faire son salut.
L’œil de l’ermite, sous la forme inusitée d’une fiction en pièces détachées, réunit des histoires du passé et du présent qui, entre nouvelles, récits, essais et poèmes, font revivre le solitaire, entrecoupées par les entrées d’un journal tenu par un reclus qui lui ressemble comme un frère.
Peut-on vivre seul pendant quarante ans ?
Comptes rendus
- « Aujourd’hui, nous essaierons d’approcher un homme qui, au XVIIIe siècle, sur une île non loin de Rimouski a voulu fuir ses semblables en se mettant à l’écart. Cet état porte un nom : ermite. Le livre qui nous occupera au cours de la prochaine demi-heure est un régal de finesse, d’intelligence et d’érudition : le titre, L’œil de l’ermite, son auteur auteur est Claude La Charité et ce livre paraît aux Éditions de L’instant même. » (Marie-André Lamontagne)
- « Qui était Toussaint Cartier, l’ermite de Saint-Barnabé ?Quelqu’un qui aime les êtres humains, mais de loin, écrit le professeur de littérature Claude La Charité dans son dernier ouvrage. À travers des genres aussi variés que la fiction, l’essai, le récit et même la poésie réunis dans un même livre, l’auteur nous amène une fois de plus à la rencontre d’un personnage qui a marqué l’histoire de la région. Il emprunte ainsi à des documents historiques, des œuvres de fiction et auxsouvenirs approximatifs des derniers témoins qui avaient connu le solitaire de son vivant. Plus de 250 ans après sa mort, le mystère demeure autour de ce célèbre personnage qui a vécu seul sur l’île Saint-Barnabé pendant près d’un demi-siècle, et dont la légende est à ce point consacrée qu’il a maintenant sa propre statue, le regard tourné vers le fleuve, près du bureau d'information touristique de Rimouski. » (Julie Tremblay)
- « Plus la conversation s’enrichit, plus je reconnais en Claude un indispensable de ma confrérie d’écriture. Un sapiens qui parcourt l’histoire littéraire avec hauteur de vue et largesse d’esprit. Quelqu’un qui consacre sa vie à étudier non seulement les textes, les époques et les auteurs, mais aussi les marges, les interlignes et les relations. Mon réseau de bibliothécaire doit assurément se doter d’un lettré qui maîtrise la cartographie livresque de l’estuaire, ce genre d’érudit dont le discours allègre produit des synthèses à la mesure de nos contrées mythiques. S’il habite un presbytère débordant d’éditions introuvables, porte un nom et un visage dignes de confiance, se passionne pour les manuscrits anciens, orchestre un roman sur l’ermite de l’île Saint-Barnabé et résiste à l’idée de se départir de ce qu’il aime avec plus de vaillance que l’auteur de ces lignes, c’est encore mieux. La rencontre n’est pas close que Claude est promu Savant de survie. À lui les fonds d’archives, les catalogages, les études, les chaires et les thèses. Je me réjouis d’avoir croisé un personnage résolu pour qui l’ensemble du patrimoine québécois est une bibliothèque à dépoussiérer, fouiller, classer, préserver, expliquer et perpétuer. » (Charles Sagalane)
Autopsie de Charles Amand, roman, Longueuil, L’instant même, 2021, 164 p.
Charles Amand meurt dans l’incendie de sa maison. Saint-Jean-Port-Joli est en émoi : accident, suicide, meurtre, possession diabolique ? M. T. L. B*** interroge ceux qui ont connu le défunt : sa fille, son gendre, son acolyte Dupont, les médecins de Québec, la sorcière Nollet, l’oncle Jean-Baptiste, Rodrigue Bras-de-fer, Capistrau, Clenricard, Philippe Aubert de Gaspé père, ainsi que son fils et homonyme, l’auteur du premier roman de la littérature québécoise, dont le personnage principal est justement Charles Amand.
Comptes rendus
- « Cette enquête est un expédient narratif adroit. La Charité peut alors redescendre le cours du roman d’Aubert de Gaspé, réinterroger ses scènes, le reconstituer en permettant, depuis le point de vue du cadavre, de redonner une unité à un récit qui en avait bien besoin. Plus encore, marcher dans les pas d’un enquêteur fictif permet au texte de prendre une forme qui sied à la démarche transtextuelle : à mi-chemin entre le roman et l’exercice critique, Autopsie de Charles Amand fait de sa narration un commentaire de lecture; ce que l’enquêteur piste dans l’action devient pour nous ce qu’un lecteur piste dans le livre original de 1837. […] [L]e livre réussit avec une redoutable efficacité à créer une connivence avec l’auteur et son projet, on s’amuse avec lui, oubliant de ce fait les phrases parfois empruntées et le métatexte dominant. On pourrait même dire que cette connivence nous permet de nous sentir à proximité avec les premiers temps de la littérature québécoise, ce XIXe siècle assurément mal-aimé. » (David Bélanger)
- « L’auteur s’amuse ici, fort habilement, à réécrire de plein de façons L’influence d’un livre de Philippe Aubert de Gaspé fils, paru en 1837 – le premier roman québécois jamais paru. Il s’agit d’un livre érudit mais qui ne se prend pas au sérieux, et qui mime bien le ton chantourné et en même temps léger des récits de la première moitié du XIXe siècle québécois. Un beau jeu littéraire. » (Mona Auger)
- « Un incendie se déclare dans la maison de Charles Amand, mal-aimé du village de Saint-Jean-Port-Joli. Le feu est-il d’origine criminelle ? Est-il dû aux expériences étranges menées par M. Amand, à sa négligence, ou à rien de moins qu’à l’œuvre du diable ? M. T. L. B. enquête. Dans son dernier livre,Claude La Charité imagine ainsi une suite àL’influence d'un livre, de Philippe Aubert de Gaspé fils, en faisant cohabiter à la fois son auteur et son personnage, mais aussi toute une bibliothèque de livres qui ont influencé la littérature québécoise et que l’auteur, également professeur de littérature à l’Université du Québec à Rimouski, invite à (re)découvrir. » (Julie Tremblay)
- « Sequel croisant l’affabulation, l’analyse littéraire et quelques notes historiques, l’Autopsie de Charles Amand est menée jusqu’au vertige borgésien parmi les bibliothèques de ces anciens Canadiens où se côtoient le Dictionnaire des merveilles de la natureet Le Petit Albert. En donnant une suite possible au premier roman québécois, suite qui résout même de manière inventive certaines énigmes laissées en suspens dans cette œuvre originale à double fond, l’auteur-alchimiste nous fait découvrir l’héritage et les trésors du passé, tout en nous montrant le statut singulier des livres ‘influents’, ceux qui sont toujours lus après des siècles et qui se faufilent encore dans nos quotidiens, leur donnant une présence parfois plus ‘réelle’ que celles des êtres de fiction que nous sommes les uns pour les autres. Une transmutation de plus que le roman de La Charité met à jour ! » (Marise Belletête)
Le meilleur dernier roman, roman, Longueuil, L’instant même, 2018, 179 p.
Six universitaires en quête de visibilité créent une distinction littéraire aussi inédite qu’improbable : le prix Anthume du meilleur dernier roman. Henri Vernal, le premier lauréat, refuse le prix avec fracas lors de la remise. Tout en relatant les tractations qui ont mené au choix du gagnant, le narrateur veut réparer les pots cassés en cherchant une solution qui permette à l’écrivain de toucher l’argent du prix et à l’université d’obtenir des excuses officielles.
Comptes rendus
- « On n’hésitera pas à conseiller ce volume même aux lecteurs éloignés des milieux académiques (en dépit de l’impression qu’ils risquent d’en tirer, et pourvu qu’ils n’occupent pas au sein du gouvernement un rôle susceptible d’influer sur les financements aux universités). Nous avons ici un roman léger sans être frivole, formé d’une suite de réflexions sur la littérature, sur l’université, et surtout sur la nature humaine, toujours bien amenées, drôles et servies par une écriture alerte. » (Vittorio Frigerio)
- « Pour ses débuts de romancier, le professeur de littérature à l’UQAR et nouvellier Claude La Charité́ (auteur de La pharmacie à livres et autres remèdes contre l’oubli, 2015) se complait dans les détournements. Il propose un amusant premier roman intitulé Le meilleur dernier roman dans lequel un ‘prix Anthume’ a été créé afin de récompenser la ‘meilleure dernière œuvre d’un écrivain’ Ce prix se verra toutefois refusé avec éclat par son premier lauréat, Henri Vernal, surnommé ‘Son Immensité’ en raison de l’épaisseur de son ego. Auteur de La grosse Bertha. Histoire d’une femme-canon, Vernal voit dans ce prix une incitation à le faire taire… Satire érudite truffée d’anecdotes et de clins d’œil, Le meilleur dernier roman promène un regard truculent, quasi rabelaisien, sur les mondes littéraire et universitaire. » (Patrick Bergeron)
- « Mais qui va bien pouvoir décrocher ce nouveau prix littéraire, né dans l’imagination un tantinet caustique et un brin vicieuse de Claude La Charité ? […] Désopilant ! Ce premier roman de Claude La Charité, professeur au Département des lettres et humanités de l’Université du Québec à Rimouski, l’est dès les premières pages, en plongeant dans une cérémonie de remise dudit prix qui tourne au vinaigre. […] L’humour est bien senti dans ce récit qui se moque avec finesse et raffinement de deux milieux, universitaire et littéraire, dont l’auteur maîtrise très bien l’absurde des rites, et mesure également très bien l’épaisseur de leurs nombreuses suffisances et contradictions. » (Fabien Deglise)
- « L’une des grandes réussites de ce roman est sans conteste ce portrait d’écrivain mythique qui joue allègrement sur les contrastes : d’un côté, un Vernal public, animé de la mauvaise humeur des poivrots et excusé d’avance par son talent; et, de l’autre, un Vernal raffiné et artiste, obsédé par les questions d’immortalité. Il faut lire avec attention l’échange fascinant entre le narrateur et Henri Vernal, dans son scriptorium, pour comprendre ce qui traverse le roman — qui, au départ, se donnait à lire comme une farce. Or voilà la force de La Charité : son comique est sérieux ; son sourire nous fait voir ses dents […]. » (Sébastien Chabot)
La pharmacie à livres et autres remèdes contre l’oubli, nouvelles, Québec, L’instant même, 2015, 130 p.
Cette pharmacie à livres, c’est une photo d’échographie d’enfant mort-né dans une boîte de bois grinçante, c’est un poète aveugle qui revient dans son village natal pour y mourir, c’est la mémoire du corps qui se souvient de sa naissance douloureuse. Claude La Charité propose ici une forme d’autofiction mâtinée d’humanisme montaignien et une défense et illustration des livres comme meilleure munition que l’on puisse trouver dans cet « humain voyage ».
Comptes rendus
- « C’est avec une grande lucidité et une émouvante sincérité, mais aussi une drôlerie des plus réjouissantes que le narrateur conte ses désillusions, ses blessures et ses drames. » (Charlène Deharbe)
- « L’érudition de Claude La Charité, seiziémiste, transparaît dans son premier recueil de nouvelles, mais par-dessus tout, c’est la sensibilité, l’intelligence, le sens critique et l’humour noir qui éblouissent au-delà des espérances pour une œuvre de fiction inaugurale. » (Michel Lord)
- « Tantôt drôles, tantôt tragiques, les nouvelles de La Charité nous remuent chacune à leur manière. Elles nous décrochent un sourire par leur langue familière, leurs références populaires, leurs issues insoupçonnées. Elles nous incitent à la réflexion par les multiples références aux textes fondateurs de l’auteur, aux écrivains qui le hantent. Elles nous bouleversent par le fardeau qu’elles portent, la perte qu’elles tentent d’évincer. Le récit à saveur autofictionnelle se comprend comme un remède, une envie d’évasion bien sentie qui passent par les livres et l’écriture. Un bel hommage aux pouvoirs de la littérature. » (Vickie Vincent)
- « C’est un livre de nouvelles, habilement construit, un livre intelligent sans être cérébral, un livre fin sans être froid, spirituel sans être lourd, drôle sans être rabelaisien et éloquent sans être bavard. C’est un livre extraordinaire. » (France Boisvert)