De la création littéraire
en voilier pour
éveiller les consciences
sur les enjeux
des déchets plastiques
On a voulu aller écrire, explorer le golfe, nettoyer les berges, échanger avec des scientifiques. On a fait tout ça, mais on a fait quelque chose d’encore plus grand. On a rencontré.
Extrait des carnets de bord
Lever l’ancre
En septembre 2022, à bord du voilier EcoMaris, une équipe de recherche interdisciplinaire a exploré le golfe du Saint-Laurent et ses berges dans le but de construire un savoir commun entre arts, science et société. L’union des expertises a permis de présenter les enjeux des déchets plastiques sous différents angles, de découvrir de nouvelles perspectives et d’inspirer le changement.
Lors du voyage en mer de 21 jours, Erika Arsenault et Tina Laphengphratheng, étudiantes à la maîtrise en lettres, et les professeures au Département des lettres et humanités, Camille Deslauriers et Kateri Lemmens, ont pu vivre un projet de recherche-création In Situ. Cette expédition scientifique et de création littéraire les a amenées à réfléchir de manière sensible aux enjeux environnementaux liés à la pollution plastique. Elles étaient accompagnées d’autres femmes scientifiques qui ont effectué leurs propres recherches avec des prises d’échantillons d’eau pour y analyser les microplastiques présents.
Peu importe combien de fois on largue les amarres, c’est la tête qui part en dernier.
Extrait des carnets de bord
Un grand voyage
L’équipe de recherche-création a d’abord dû apprendre à vivre à bord d’un navire avant de se lancer dans la création littéraire. Après avoir discuté de leur méthode de création, elles se sont orientées vers la réalisation de carnets de bord, écrits journaliers réalisés à quatre têtes et huit mains. Inspirées par leurs arrêts pour nettoyer les berges et collecter les plastiques, elles écrivent leurs émotions, leur émerveillement, mais surtout leur bouleversement face à ce désastre environnemental.
Si on ne se réveille pas, dans un million d’années, nos reflets seront réduits à des fossiles de Tim Hortons qu’on retrouvera sur les berges du Saint-Laurent. On étudiera les couches sédimentaires et on se demandera de quel animal il s’agit.
Extrait des carnets de bord
Statistiques
Avec la création des carnets de bord et leur partage sur-le-champ, l’équipe avait comme désir de donner au grand public et à la communauté la chance d’être informés et de comprendre les problématiques qui touchent notre propre territoire, le golfe du Saint-Laurent. Cette approche diffère de la recherche scientifique traditionnelle et se veut accessible au plus grand nombre de gens possible.
L’Île nue de Mingan : cordes de pêche, cartouches de chasse. Anticosti : bouées, bouteilles d’eau, filets de pêche, masses de polystyrène. Île Sainte-Marie : bouteilles d’eau, applicateurs de tampons, cartouches de chasse. Sur l’île Quarry, on ne fait pas de ramassage, mais on trouve une bouteille d’eau qui a été laissée, à moitié pleine, sur un des belvédères. Comme si une fois abandonnée là, elle devenait invisible. Comme si la bouteille allait se volatiliser par miracle, par transsubstantion de la matière. Mais non, le plastique qu’on ne voit plus ne disparaîtra pas. Il va remonter toutes les sources de la nature jusqu’à celles de nos corps.
Extrait des carnets de bord
Accoster pour continuer d’avancer
Bien que le travail accompli pendant les quelques jours du périple soit colossal, l’équipe n’y voit que le début de nombreux projets. Conférences, balado, livres, documentaire, expositions, cartes postales et ateliers d’écriture sont déjà en préparation pour la suite.
Cette recherche se voulait un exemple à la communauté scientifique sur l’inclusion et la diversité au sein des équipes de recherche.
Il suffirait de ralentir. Apprendre à cohabiter en symbiose. Cesser d’exploiter aveuglément nos ressources, de surconsommer, le temps que le monde s’ajuste. Le temps que le Saint-Laurent reprenne son souffle.
Extrait des carnets de bord