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Une importante percée scientifique renforce les preuves de la marche évolutive sur la Terre

Une équipe de l’UQAR signe une recherche publiée dans Nature Communications montrant que les mouvements de la croûte terrestre ont influencé l’évolution des coelacanthes, un groupe de poissons emblématiques. La découverte, en Australie, d’une nouvelle espèce de poisson primitif, âgée de plus de 380 millions d’années, renforce les preuves de l’influence de la tectonique sur l’évolution de la vie sur Terre.

C’est la découverte d’un coelacanthe fossile, un poisson préhistorique, dans une région reculée d’Australie-Occidentale qui a permis à l’équipe formée notamment du professeur Richard Cloutier et de la candidate au doctorat en biologie Olivia Vanhaesebroucke d’établir le rôle évolutif de ces aléas. Nommé Ngamugawi wirngarri, ce nouveau fossile comble une période de transition anatomique importante dans l’histoire de ce groupe de poissons, entre les formes plus primitives et « modernes ».

Le Ngamugawi wirngarri a été découvert dans la formation géologique de Gogo, un site fossilifère d’exception reconnu mondialement. Deux fossiles en trois dimensions ont pu être extraits de la roche et leur morphologie a pu être reconstituée à l’aide de micro-CT scan. Notons que la communauté Mimbi a été impliquée dans cette découverte, d’où l’appellation du fossile en langue aborigène gooniyandi : Ngamugawi signifie « poisson ancien » et wirngarri rend hommage à un ancêtre respecté des Gooniyandi.

« Nos travaux démontrent que l’activité tectonique a eu une influence déterminante sur les taux d’évolution des coelacanthes. Concrètement, les mouvements accrus de la croûte terrestre ont favorisé l’accélération de l’évolution de ces poissons à mesure que de nouveaux habitats étaient créés », explique le professeur Cloutier.

L’équipe de recherche formée de paléontologues du Canada, d’Australie et d’Europe a analysé l’évolution des coelacanthes sur 410 millions d’années. « Ces poissons ont évolué avec des taux très lents, sauf à quelques exceptions, conservant ainsi une forme du corps presqu’inchangée sur plus de 370 millions d’années. « Toutefois d’autres parties de leur anatomie comme le crâne a changé tout au long de leur histoire. Aujourd’hui, il ne reste que de petites populations des deux espèces de coelacanthes, dont une en danger critique d’extinction, et se trouvent au large des côtes de l’est de l’Afrique et de l’Indonésie », indique le professeur Cloutier.

Une partie de l’équipe de recherche était de passage à l’UQAR au printemps dernier. Dans l’ordre habituel, Richard Cloutier, Corey Bradshaw, John Long, Alice Clement, Kate Trinajstic et Olivia Vanhaesebroucke.
 

Plus de 175 espèces de coelacanthes ont été découvertes à travers le monde au cours des 410 millions d’années. « À l’ère des dinosaures, les coelacanthes se sont considérablement diversifiés, développant même des formes corporelles inhabituelles. Cependant, ils ont mystérieusement disparu des archives fossiles il y a environ 66 millions d’années, probablement à cause de l’impact d’un astéroïde qui a anéanti 75 % de toute vie sur Terre. Mais en 1938, la première espèce de coelacanthe vivante fut redécouverte », mentionne Mme Vanhaesebroucke.

La recherche publiée dans Nature Communications remet en question l’idée que les coelacanthes actuels soient des « fossiles vivants ». « Ils sont apparus pour la première fois dans les archives géologiques il y a 410 millions d’années, notamment en Australie et en Chine. À mesure que nous comblons les pièces manquantes du casse-tête, nous constatons que les coelacanthes continuent d’évoluer. En somme, Ngamugawi wirngarri nous aide à mieux comprendre que le titre de « fossiles vivants » n’est peut-être pas justifié pour les coelacanthes actuels », conclut le professeur Cloutier.

Intitulé A Late Devonian coelacanth reconfigures actinistian phylogeny, disparity, and evolutionary dynamics, l’article sur le Ngamugawi wirngarri peut être consulté sur le site de Nature Communications. En plus du professeur Cloutier et de la chercheuse Olivia Vanhaesebroucke, l’équipe de recherche comprends Alice Clement, John Long, Corey Bradshaw, et Michael Lee de l’Université Flinders, Kate Trinajstic de l’Université Curtin, Benedict King de l’Institut Max Planck d’Anthropologie évolutive et Hugo Dutel de l’Université de Bristol.

Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca