Une équipe de recherche de l’Université du Québec à Rimouski s’attaque à une problématique de plus en plus préoccupante : les répercussions de l’exercice de la profession sur la santé mentale du personnel paramédical québécois.
Dirigé par le professeur Charles Côté de l’Unité départementale des sciences de la gestion, en collaboration avec Sarah Bourget et Isabelle Cindy Légaré, étudiantes à la maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail et en gestion de projet, ce projet vise à mesurer la présence de symptômes de trouble de stress post-traumatique (TSPT), d’anxiété, de dépression et d’épuisement professionnel affectant les travailleuses et les travailleurs de la chaîne préhospitalière.
« Le personnel paramédical est en première ligne lorsque des situations critiques surviennent, ce qui l’expose à de fortes exigences, tant sur le plan physique que psychologique », souligne le professeur Côté.
Une santé mentale fragilisée par la pandémie
La pandémie de COVID-19 a accru la pression sur le personnel paramédical, exacerbant des symptômes déjà préoccupants liés au stress post-traumatique et à l’épuisement professionnel. Selon les chercheuses et les chercheurs, ce personnel est particulièrement vulnérable, avec près de 20 % des personnes répondantes ayant indiqué qu’elles pourraient bénéficier d’un traitement pour un TSPT et 44 % affirmant ressentir un épuisement professionnel.
« La pandémie a poussé ces personnes professionnelles à leurs limites. En plus du stress quotidien de leurs fonctions, elles ont dû composer avec un environnement de travail instable et des risques sanitaires accrus », explique Sarah Bourget.
L’étude, qui a mobilisé 282 paramédicales et paramédicaux affiliés, entre autres, à la Fédération des employés du préhospitalier du Québec, révèle des statistiques troublantes :
- 69 % des personnes répondantes souffrent de dépersonnalisation, un signe d’épuisement psychologique avancé.
- 65 % rapportent un sentiment faible ou modéré d’accomplissement personnel.
- Les répondants de sexe masculin ont obtenu des scores de détresse significativement plus élevés que les répondantes de sexe féminin (excepté pour l’anxiété), et un score d’accomplissement personnel plus faible.
« Ces résultats montrent l’ampleur des défis à relever en matière de soutien psychologique pour le personnel paramédical », explique Isabelle Cindy Légaré. « Nous devons mieux adapter les ressources pour répondre aux besoins spécifiques de cette profession. »
Afin d’obtenir un portrait précis de la santé psychologique des participantes et des participants, les chercheuses et les chercheurs ont utilisé plusieurs outils validés, dont le Maslach Burnout Inventory (MBI), la Hospital Anxiety and Depression Scale (HAD), et le Posttraumatic Stress Disorder Checklist for DSM-5 (PCL-5).
« Ces questionnaires nous permettent de mesurer différents aspects de la santé mentale, de l’anxiété à l’épuisement professionnel, en passant par le stress post-traumatique et la dépression », détaille Charles Côté. « L’objectif est de fournir des données concrètes pour guider les décideurs et favoriser l’amélioration des conditions de travail. Pour prévenir les problèmes de santé mentale au travail, il faut réduire le nombre d’absences dû à ses problèmes chez les paramédicales et les paramédicaux. Ces absences coûtent très cher en coût direct et indirect. »
Rendez-vous de la recherche à l’UQAR
Les premiers résultats de cette étude ont été présentés le 19 septembre et une vulgarisation scientifique plus approfondie sera faite le 20 novembre 2024, lors des Rendez-vous de la recherche à l’UQAR. Les chercheuses et les chercheurs espèrent que leurs conclusions contribueront à sensibiliser les organisations et le public à l’importance de soutenir la santé mentale du personnel paramédical. Le professeur Côté présentera également une conférence à Montréal le 11 novembre 2024 lors d’un événement sur la santé et la sécurité au travail, pour expliquer les résultats de cette recherche devant plus de 200 personnes.
« Nous souhaitons que cette recherche inspire des actions concrètes, car la reconnaissance de la problématique est la première étape vers une meilleure qualité de vie pour ces professionnelles et professionnels essentiels », conclut Sarah Bourget. En pleine analyse des données, l’équipe espère que ce projet ouvrira la voie à des initiatives mieux adaptées aux besoins de ce personnel, tout en tenant compte des enseignements tirés de la pandémie.
Pour nous soumettre une nouvelle : communications@uqar.ca