Chercheur postdoctoral à l’UQAR, le biologiste Pierre Legagneux cosigne, avec les professeurs Dominique Berteaux, Joël Bêty, Dominique Gravel et le professeur associé Nicolas Lecomte, un article publié dans Nature Climate Change qui démontre que le fonctionnement de l’écosystème arctique terrestre dépend de la taille des espèces et du climat.

Les écosystèmes arctiques sont parmi les plus vulnérables au réchauffement climatique. Si la réponse des animaux face à ce changement commence peu à peu à être connue, il est plus difficile de comprendre les effets de ce changement sur le fonctionnement de l’ensemble de l’écosystème.

Deux projets de recherche de l’Année polaire internationale (2007-2009) ont permis d’apporter un nouvel éclairage sur les interrelations entre les espèces et leur fonction écologique et les services rendus par les écosystèmes. « Jusqu’ici, le rôle respectif des ressources alimentaires et des prédateurs dans le contrôle de la chaîne alimentaire de la toundra demeurait mal connu et controversé », indique Pierre Legagneux.

En plus de l’UQAR, huit autres institutions – dont l’Université Laval et l’Université de Tromsø (Norvège) – ont participé aux projets de recherche dont les données proviennent de sept sites d’études circumpolaires s’étalant sur près de 1500 km de latitude.

À l’exception du très haut Arctique, les prédateurs sont les principaux acteurs de la chaîne alimentaire de la toundra, et ce, en dépit des contraintes inhérentes au milieu polaire. « La prédation façonne aussi le fonctionnement d’autres écosystèmes emblématiques comme les savanes africaines et les prairies américaines », souligne Pierre Legagneux.

La taille des herbivores au sein de l’écosystème est l’une des clés de l’étude, poursuit le biologiste de l’UQAR. « Les herbivores de grande taille échappent en grande partie au contrôle par la prédation. Ce dernier résultat est très similaire à ce qui a été déjà rapporté dans la savane africaine, un écosystème radicalement différent. Cette similitude ouvre la porte à la possibilité que tous les écosystèmes terrestres aient une mécanique semblable et pourrait être un pas vers une théorie universelle du fonctionnement des écosystèmes. »

La recherche publiée dans la revue Nature Climate Change est disponible en ligne. « Cette étude souligne de façon éloquente l’importance des collaborations internationales afin de mieux comprendre le fonctionnement et la fragilité des écosystèmes, et en particulier ceux des milieux polaires », conclut Pierre Legagneux.

Au sein de l’Université, cette étude souligne également l’étroite collaboration entre la Chaire de recherche du Canada en écologie des écosystèmes continentaux, dont le titulaire est le professeur Dominique Gravel, la Chaire de recherche du Canada en biodiversité nordique, dirigée par le professeur Dominique Berteaux, le Centre de la science de la biodiversité du Québec (CSBQ) et le Centre d’études nordiques (CEN).