Diplômé de l’UQAR en biologie, Marcel Babin est une sommité mondiale en optique marine et en télédétection. Étant directeur de l’Unité mixte internationale Takuvik, ses recherches sur l’impact de la fonte des glaces de l’Arctique l’amènent à collaborer avec des chercheurs de partout dans le monde. Rencontre avec le récipiendaire du 15e Prix d’excellence des diplômés de l’UQAR.

Originaire de Montréal, Marcel Babin a obtenu un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Rimouski en 1986. C’est son intérêt pour l’océanographie qui l’a incité à quitter la métropole pour entreprendre ses études universitaires à l’UQAR. « J’étais venu pour faire de l’océanographie, mais dans un premier temps, j’ai fait de l’aménagement de la faune. À partir de mon deuxième été, je me suis mis à travailler comme assistant de recherche pour le professeur Jean Ferron sur le Tétras du Canada. Cela m’a amené à m’initier à la recherche. »

Le professeur Ferron a rapidement observé les aptitudes de Marcel Babin pour la recherche scientifique. « En cours, il démontrait à la fois un désir marqué d’approfondissement des connaissances et un intérêt pour leur aspect appliqué. Le projet de recherche sur l’introduction du Tétras du Canada sur l’Île d’Anticosti était particulièrement exigeant sur le plan physique et scientifique. Ce premier contact avec la recherche en biologie lui a permis de prendre beaucoup d’assurance, de confiance en ses moyens et de réaliser toute la fascination de l’investigation scientifique », mentionne M. Ferron.

Après son baccalauréat en biologie, M. Babin a poursuivi ses études à la maîtrise en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Trois-Rivières (1987) et au doctorat en océanographie à l’Université Laval (1991). Il a par la suite fait deux postdoctorats en optique marine et en télédétection au Laboratoire de physique et chimie marines et au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer, en France.

En plus d’être à la tête de l’Unité mixte internationale Takuvik, qui regroupe plus de 100 personnes, Marcel Babin est titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la télédétection de la nouvelle frontière arctique du Canada de l’Université Laval. « L’objet de recherche de la chaire, c’est de déterminer l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins en Arctique, et en particulier, l’impact de la réduction de la banquise. »

Marcel Babin entouré du recteur de l'UQAR, Jean-Pierre Ouellet, et du président de la Fondation de l'UQAR, Denis Boucher.Marcel Babin entouré du recteur de l'UQAR, Jean-Pierre Ouellet, et du président de la Fondation de l'UQAR, Denis Boucher.Les travaux menés depuis 2010 par le professeur Babin et son équipe ont permis d’établir que l’état de la banquise en Arctique se transforme à un rythme accéléré. « Nous avons des résultats qui montrent des changements importants dans le fonctionnement de l’écosystème, en particulier dans la saisonnalité de la croissance du phytoplancton. Le phytoplancton est à la base de la chaîne trophique dans l’océan, c’est ce qui nourrit presque l’ensemble de l’écosystème. Donc, l’état de la banquise a un impact direct sur le phytoplancton dans la mesure où la banquise contrôle beaucoup la quantité de lumière qui pénètre dans l’océan. »

Ainsi, la fonte de la banquise a notamment pour effet d’augmenter la production du phytoplancton en Arctique et de modifier la saisonnalité de la croissance du phytoplancton. « La saisonnalité typique de la croissance du phytoplancton en Arctique implique une efflorescence au printemps, qui se traduit par une accumulation de biomasse massive. Avec tous les changements que nous avons constatés récemment, nous observons de plus en plus en moyenne altitude une efflorescence l’automne – ce qu’on n’observait pas avant – et en très haute altitude, on observe une efflorescence de printemps, ce qui n’était pas le cas avant », explique le professeur Babin.

Marcel Babin est le quinzième récipiendaire du Prix d’excellence des diplômés de l’UQAR. Cette prestigieuse distinction souligne son parcours exceptionnel et son implication dans le développement de son milieu et du Québec. « Cette reconnaissance des pairs me fait très plaisir, surtout que l’Université compte plus de 45 000 diplômés. C’est un prix qui a de la valeur, car c’est à l’UQAR que j’ai reçu ma première formation en science. »

Le professeur Babin conserve un bon souvenir de son passage à l’UQAR. « Je suis toujours resté très attaché à l’UQAR et à Rimouski. J’y ai reçu une formation très complète, dans une université à taille humaine. Lors de mes études à l’UQAR, j’ai eu un contact très étroit avec la nature. Dans plusieurs cours, nous pouvions réaliser des stages ou des laboratoires directement dans l’environnement naturel », conclut M. Babin.