Originaire de Saint-Henri, Marie-Andrée Beaudoin a effectué un retour aux études il y a six ans afin de réaliser une maîtrise en sciences infirmières. Celle-ci a porté sur une réalité observée dans le cadre de son travail d’assistante infirmière chef à l’unité d’obstétrique de l’Hôtel-Dieu de Lévis, soit le deuil périnatal et les facteurs qui influencent la pratique des infirmières auprès de ces familles.

Bachelière en sciences infirmières depuis 2005, Mme Beaudoin a constaté dans le cadre de son travail que les infirmières ne sont pas suffisamment outillées pour intervenir auprès des familles éprouvées par le décès de leur bébé. « Dans ma pratique courante, je gère une équipe de travail. Quand un deuil périnatal survient, mes collègues ne manifestent pas d’intérêt pour aller gérer le cas, car ils ne se sentent pas suffisamment outillées pour gérer un tel drame. Étant en période de grandes restrictions budgétaires, j’ai voulu savoir quels autres moyens pourraient être mis en place pour aider mes collègues. Pour que ça se fasse plus vite et pour faire valoir mon point, j’ai décidé d’en faire le sujet de ma maitrise », explique Mme Beaudoin.

Pour ce faire, elle a collaboré pendant deux ans avec dix infirmières du département de pédiatrie de l’Hôtel-Dieu de Lévis. « L’infirmière en chef a ciblé des infirmières et j’ai ensuite passé des entrevues avec des questions prédéterminées pour savoir, par exemple, quels sont les irritants dans le travail par rapport au deuil périnatal. Puis, à partir des résultats des entrevues, j’ai dégagé des thèmes sur lesquels j’ai approfondi les données recueillies en les validant avec des sous-groupes d’infirmières et deux gynécologues aussi », mentionne Mme Beaudoin.  

L’étudiante souligne que le sujet de sa maitrise porte sur le vécu de l’infirmière et non sur celui des parents. Parmi les facteurs d’influence, Mme Beaudoin évoque « l’endroit où déposer le bébé décédé, les personnes ressources à référer à la famille, le code d’éthique à adopter avec les parents et les étapes du protocole d’un deuil périnatal ».

À l’Hôtel-Dieu de Lévis, une quinzaine de cas de décès périnataux surviennent chaque année. Marie-Andrée Beaudoin soutient que le personnel infirmier qui doit affronter un événement de la sorte peut être mal à l’aise d’intervenir pour plusieurs raisons. « Il peut s’agir de raisons professionnelles comme un manque de formation ou un sentiment de solitude ou encore personnelles comme un deuil dans la famille ou une expérience négative marquante ». 

Les résultats de la recherche se sont montrés concluants. « Il faut travailler sur le protocole d’intervention, fournir un document synthèse des principales étapes à suivre, offrir des formations supplémentaires pour que nos employés se sentent plus à l’aise  à intervenir lors d’un deuil périnatal », indique Mme Beaudoin.   

Le mémoire de l’étudiante en sciences infirmières de l’UQAR a été présenté au reste de l’équipe en pédiatrie à l’Hôtel-Dieu de Lévis. « L’équipe a  convenu de mettre en place un protocole d’intervention et de faire une affiche aide-mémoire pour les membres du personnel infirmier afin de le soutenir lors d’un deuil périnatal. C’est d’ailleurs mon projet pour les prochains mois : mettre en place des moyens pour répondre aux facteurs qui influencent la pratique des infirmières lors d’un deuil périnatal», conclut Mme Beaudoin.